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Sophrologie au college

Ce jeudi après-midi, les élèves de 6e B du collège Karl-Marx de Villejuif (Val-de-Marne) sont assez dissipés. Ils discutent, gesticulent sur leurs chaises, lorsqu’ils reçoivent une visiteuse pas comme les autres. Il s’agit de Sarah Auvray, sophrologue de profession, accueillie avec le sourire par la professeure de français, Julie Ozon.

C’est son troisième rendez-vous avec la classe. Elle participe au projet « bien-être » mis en place dans le collège. « L’idée est de faire appel à la sophrologie pour rendre les élèves davantage disponibles pour les apprentissages. Nous avons monté cette initiative avec les enseignants volontaires dans deux classes de 6e pour commencer », explique Jamila Krebis, principale du collège. Un objectif important pour cet établissement de Rep (réseau d’éducation prioritaire) qui est passé de 73,5 % de réussite au brevet en 2015 à 86 % en 2016. « Cette action s’inscrit dans une politique qui vise à appréhender l’élève dans sa globalité, en favorisant son épanouissement au collège », précise la principale, qui a avisé les parents du projet « bien-être » lors d’une réunion afin de dissiper leurs éventuelles réticences. Et pour le financer (il coûte 1.600 euros), le collège a reçu une subvention du Conseil départemental.

1 « Imaginez-vous comme un arbre avec ses racines »

Au total sept séances d’une heure sont prévues dans chaque classe. Celle de ce jeudi démarre par la météo du jour. La sophrologue affiche au tableau un nuage électrique, un autre sans expression, un ciel dégagé et un soleil éclatant. Son objectif : sonder l’humeur du jour des élèves. « Lesquels parmi vous sentent un orage intérieur en eux ? » interroge Sarah Auvray. Trois élèves lèvent la main, les autres estiment aller plutôt bien ou très bien. La sophrologue fait ensuite un peu de pédagogie pour réexpliquer l’intérêt de sa démarche aux élèves : « On va faire quelques exercices, lors desquels je vous demande de faire comme si vous ouvriez les yeux à l’intérieur de votre corps pour comprendre ce qui s’y passe. » A observer les élèves, sa mission semble ambitieuse, car beaucoup d’entre eux sont nerveux.

Mais qu’à cela ne tienne. Sarah Auvray leur demande de se mettre debout et de fermer les yeux. « Imaginez-vous comme un arbre avec ses racines », leur suggère-t-elle, avant de les inviter à sautiller pour prendre conscience de leurs mouvements, du changement de leur respiration et de la manière dont leur corps se détend ensuite. « Toute cette agitation se tait en vous et votre corps redevient calme », commente-t-elle. Au fond de la classe, l’enseignante, Julie Ozon, fait les exercices, tout en recadrant gentiment les élèves trop agités. 

1 « Je me sens tranquille »

Les 6e sont ensuite invités à s’asseoir pour effectuer un autre exercice leur permettant tout à tour de prendre conscience de leurs appuis, de leur respiration et de se détendre. « Vous libérez votre corps de ses contrariétés, comme un vent qui fait un profond nettoyage en vous », déclare d’une voix douce la sophrologue. L’atmosphère a changé dans la classe. La majorité des élèves jouent désormais le jeu et ne bougent plus. « Vous allez imaginer une montagne. Votre tête devient son sommet. Vous vous sentez forts comme la montagne », souffle Sarah Auvray. Plusieurs élèves ont posé leur tête dans leurs bras et certains se sont même assoupis. L’exercice s’achève. « Vous avez pris soin de vous. Vous avez senti combien cela vit à l’intérieur de votre corps et comment vous pouvez vous calmer », résume la sophrologue. Plusieurs élèves acquiescent et acceptent de rédiger quelques mots pour décrire leurs sensations du moment. « Je me sens tranquille », « J’ai envie de dormir », peut-on lire sur leurs feuilles, mais aussi « je me sens normal ». Nassim dit qu’il est passé de l’orage intérieur aux nuages. Preuve qu’il va déjà mieux qu’en début de séance.

Avant de partir en récréation, les élèves tiennent à donner leur opinion sur ce projet « bien-être ». « A la rentrée, l’ambiance était agitée en classe, là c’est plus calme », déclare Amandine, qui ressent les bienfaits de ces séances lors des cours suivants. « Ça marche, mais on ne pas décrire pourquoi », estime de son côté Ryan. « Tu as tout à fait raison, la sophrologie ne s’explique pas, elle se ressent », commente Sarah Auvray. « Je me sens plus calme et plus concentré pour aller faire mon contrôle de SVT tout à l’heure », déclare à son tour Abdellah. Quant à Jérémy, il explique avoir refait les exercices des précédentes séances avec sa famille. Car chaque séance est enregistrée et la bande sonore est mise à disposition par la professeure. Reste quelques réfractaires, comme Sirine. « Moi je n’aime pas ne rien faire », explique-t-elle.

1 « Cela contribue à créer une cohésion entre eux »

De son côté, la sophrologue observe une évolution positive chez les élèves : « de séance en séance, ils rentrent de plus en plus dedans et semblent plus apaisés. » Pour l'enseignante, ces séances ont fait évoluer l’ambiance de la classe : « cela contribue à créer une cohésion entre eux. Et le fait qu’on leur parle de bien-être à l’école change aussi leur manière de percevoir le collège », indique-t-elle. L’enseignante souhaite d’ailleurs reproduire certains de ces exercices au début de ses cours pour perpétuer les bonnes habitudes. « On espère que ce projet "bien-être" va essaimer dans tout l’établissement » ajoute Jamila Krebis.



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